Jacob de Backer

II est inadmissible que parfois, de manière soudaine et inattendue, la mort emporte des artistes dans leur jeunesse ou alors qu’ils sont le plus expressifs.

Cela s’est produit aussi souvent à l’époque moderne qu’à l’époque ancienne, et ce fut notamment le cas pour le grand et laborieux artiste Jacob (dit aussi Jacques) de Backer.

Il est né à Anvers, la terre des grands artistes, et est le fils de l’art ; son père était en effet un peintre de talent qui a vécu et terminé sa carrière en France. Jacob de Backer était parfois appelé Jacques de Palermo, un nom dérivé de son premier maître Antonio Palermo, un artiste mais aussi un marchand de tableaux. Dans son atelier, Jacob de Backer apprend les secrets de la peinture et améliore considérablement sa technique.
Grâce également aux tableaux de Jacques de Backer, l’atelier d’Antonio Palermo connaît un succès fulgurant, à tel point qu’il devient rapidement célèbre en France où nombre de ses tableaux sont vendus. Jacques de Backer avait la réputation d’être un grand artiste mais aussi un travailleur infatigable, à tel point que l’on raconte que pendant ses jours de congé, il dessinait ou modelait dans l’argile et s’exerçait aussi continuellement à l’art de la sculpture. Sa biographie nous apprend qu’il a également eu une association fructueuse avec l’artiste allemand Hendrick van Steenwyck, qui était un grand peintre d’architecture intérieure.
Les tableaux de Jacques de Backer étaient très demandés partout, décorant les maisons et les villas de nombreux amateurs d’art et de beauté. Trois de ses magnifiques tableaux représentant Adam et Eve, une Caritas et une Crucifixion, étaient dans la collection de Melchior Wintgis à Middelborgh.
Alors qu’à Sr Oppenbergh se trouvaient trois remarquables peintures représentant Vénus, Junon et Pallas, prises dans des poses fascinantes, avec divers objets en arrière-plan, tandis qu’au sol sont représentés divers objets tels que des tissus, des animaux, etc.

Jacob de Backer est l’un des meilleurs artistes qu’Anvers ait jamais eu ; on lui reconnaît un talent suprême dans la reproduction de fleurs comme l’œillet, mais surtout il est inégalé dans la représentation des reflets blancs ivoires du teint.
Il mérite un éloge éternel parmi les peintres.

Karel van Mander