Meret Oppenheim
Meret Oppenheim (1913-1985) – Il n’y a encore pas si longtemps, lorsque j’entendais ce nom, je l’associais machinalement à la célèbre table basse Traccia
c’est-à-dire à la table ovale dorée avec des pieds en forme de pattes d’oiseau. Mais Meret Oppenheim est bien plus que cela. Née en Allemagne, elle s’est installée très jeune à Paris pour vivre sa passion, la peinture. Elle y travaillera avec Alberto Giacometti et Jean Arp qu’elle avait connu en Suisse, et elle fréquentera Marcel Duchamp, André Breton, ainsi que Max Ernst avec qui elle aura également une brève histoire d’amour. C’est une artiste dans l’âme, désintéressée. Elle dessinait des bijoux pour Elsa Schiaparelli, et un jour, à Paris, alors qu’elle était au Café de Flore avec Picasso et Dora Maar, le curieux bracelet recouvert de fourrure qu’elle portait au poignet suscita la curiosité de Picasso qui lui dit qu’on pourrait tout recouvrir de fourrure, ce qui donna une idée à Meret. Elle alla acheter une tasse, une soucoupe et une cuillère à café dans un magasin, après quoi elle réussit à se procurer un morceau de fourrure de gazelle chinoise dont elle revêtit la porcelaine. C’est ainsi qu’elle créa le Déjeuner en fourrure, un grand petit chef-d’œuvre qu’elle exposa en 1936 à l’ Exposition surréaliste d’objets organisée à la Galerie Charles Ratton. Ratton était l’un des plus grands experts des arts dits primitifs, il s’intéressait au primitivisme, aux fétiches, et était fasciné par les objets. Le succès de la création de Meret Oppenheim fut tel, que le MoMA de New York l’acheta, et elle s’y trouve encore aujourd’hui. Meret Oppenheim n’aimait pas être qualifiée de représentante d’un courant artistique quel qu’il soit, même si son art a toujours été lié au mouvement surréaliste. Au cours de sa vie, elle a réalisé des peintures à l’huile, des collages, des assemblages d’objets et de matériaux disparates. Elle a également écrit des poèmes. Quand on parle d’artiste complet…