Le talent italien : Luigi Broggini

Ce que je vais vous raconter est une belle histoire de famille italienne, et lorsque ces trois mots sont associés, la formule est vite faite : histoire + famille + Italie = Talent, et ici, il y a du talent à revendre.

Je veux vous parler en effet de l’un des plus grands artistes italiens du XXème siècle : Luigi Broggini (1908-1983), dont le fils Stefano nous a fait l’honneur de nous recevoir.

Stefano Broggini en train de valider notre ceramique deLuigi Broggini
Le talent italien : la famille Broggini

Sa disponibilité et celle de Daniela ont été touchantes, et en écoutant leurs anecdotes j’ai eu l’impression de revivre personnellement ce qui a été une véritable épopée, à savoir la naissance et le développement des avant-gardes artistiques italiennes de l’après-guerre.

Écouter Stefano Broggini nous raconter comment, lorsqu’il était enfant, il passait les étés à Albissola avec son père, a été un véritable plaisir ; c’était comme si nous étions là, dans les années 1950, assis à une table du café du centre d’Albissola Mare, en train de discuter avec Lucio Fontana « et sa cohorte ».
Vous imaginez la scène ?
Lucio Fontana avec Luigi Broggini, beaux comme le soleil, assis en train de siroter un verre « avec la cohorte » de dames, de jeunes artistes en herbe et d’intellectuels.
Essayons d’en reconnaître quelques-uns, au gré de notre imagination et en voyageant dans le temps.
Peut-être y avait-il des habitués de la Riviera comme Italo Calvino et Eugenio Scalfari ? Ou bien d’autres artistes avec lesquels ils partageaient la légendaire manufacture de céramique « Pozzo Garitta » ?

Je pense par exemple à des artistes du calibre d’Alberto Sughi, Agenore Fabbri, Aligi Sassu, Emilio Scanavino,
Asger Jorn, …

Au sujet de la manufacture Pozzo Garitta, Stefano Broggini nous a raconté une autre anecdote : savez-vous quel était le surnom donné à son fondateur Bartolomeo Tortarolo ?
Tout le monde l’appelait « Il Bianco » (le Blanc), car il était toujours habillé en blanc.

Stefano Broggini a approuvé notre sculpture en bronze di Luigi Broggini
Stefano Broggini a approuvé notre sculpture en bronze di Luigi Broggini

Bref, le matin, il créait des chefs-d’œuvre dans le four, et le soir, il participait à la dolce vita de la Riviera ligure, vêtu d’un costume de lin blanc, avec un chapeau Panama.
Et nous continuons de rêver les yeux ouverts en écoutant les récits de Stefano Broggini, par exemple celui qui concerne la Biennale de Venise de 1962, où avec son père Luigi et Alberto Giacometti «toujours enveloppé d’un nuage de fumée », il se promenait parmi leurs œuvres qui, lors de cette édition, étaient exposées dans deux salles adjacentes.

Je pourrais continuer longtemps en vous parlant aussi des relations « difficiles » de Broggini avec son professeur Adolfo Wildt, l’éternel conflit entre l’élève talentueux et son maître, ou de la fois où son père avait mis un client à la porte juste parce qu’« il avait besoin d’au moins sept œuvres … »,

ce qui était inconcevable pour quelqu’un qui avait l’habitude de créer des pièces uniques.

Nous pouvons dire que Luigi Broggini était exactement l’opposé du portrait-type de l’artiste contemporain: génial, indépendant, pas esclave de l’argent, passionné par son métier, sincère et timide.
Je tiens à rappeler que ce n’est que récemment, et grâce au travail de son fils justement, que nous avons su que c’est Luigi Broggini qui a créé le célèbre logo de l’ENI : le fameux chien à six pattes.

Luigi Broggini n’en avait jamais parlé …
Je vous laisse pour aujourd’hui, en remerciant chaleureusement les héritiers Broggini, exemple édifiant du
talent italien, et en vous donnant rendez-vous très bientôt pour une autre belle histoire italienne.

M. Broggini nous montre les œuvres de Luigi Broggini
M. Broggini nous montre les œuvres de Luigi Broggini