Toulouse-Lautrec Résolument moderne au Grand Palais à Paris
En cette saison, les musées de l’Avenue du Général Eisenhower et de l’Avenue Winston-Churchill à Paris se déchaînent.
Si le Petit Palais propose concomitamment une magnifique exposition sur Vincenzo Gemito et une rétrospective consacrée à un autre napolitain, le peintre Luca Giordano,
le Grand Palais, situé juste en face, n’est pas en reste. Il nous offre l’occasion de voir une rétrospective très complète d’El Greco, dont j’ai déjà parlé dans un autre article et une de Toulouse-Lautrec.
Et c’est précisément de celle-ci dont je vais vous parler et d’Henri de Toulouse Lautrec lui-même. Depuis 1992, aucune exposition de cet artiste français, petit par la taille mais de grande renommée, n’avait plus été organisée.
Quand je pense à lui, j’imagine aussitôt les cabarets de la Butte Montmartre, la poussière et la fumée, l’odeur âcre des amours, du tabac, de l’alcool et de l’absinthe.
Car c’est là que nous trouvons Henri Marie Raymond de Toulouse-Lautrec-Monfa. Un vrai nom à rallonge !
Il est issu de l’une des familles nobles les plus anciennes de France. Malheureusement, en raison de mariages consanguins, courants à cette époque pour préserver le « sang bleu », sa santé restera fragile et malgré les soins que lui prodigue sa mère, ses jambes ne grandiront jamais. Elles resteront celles d’un enfant au buste d’adulte. Il ne mesurait qu’un mètre cinquante-deux.
Vers l’âge de vingt ans, il interrompt ses études, soutenu par son oncle et son ami peintre René Princeteau, et commence à travailler comme affichiste. Il travaille dans l’atelier de Léon Bonnat, puis dans celui de Fernand Cormon où il rencontre, entre autres, Vincent van Gogh, Adolphe Albert, Émile Bernard.
Il est considéré comme un peintre post-impressioniste. Il travaille comme illustrateur de l’Art nouveau. Ses peintures racontent la vie Bohème parisienne de la fin du XIXe au début du XXe siècle, celle du Moulin-Rouge et des autres cabarets du 18e arrondissement.
Vous rappelez-vous de Minuit à Paris, l’excellent film de Woody Allen, ou de l’inoubliable Moulin Rouge du réalisateur australien Baz Luhrmann ? C’est justement ce Paris-là qu’ils décrivent. Et d’ailleurs, maintenant que j’y pense, il y a un hommage à Lautrec dans ces deux films.
Pour revenir à l’exposition, plusieurs portraits de danseuses de l’époque, telles que Jane Avril, Louise Weber, la reine du french cancan, surnommée La Goulue parce qu’entre deux danses, elle avait l’habitude de vider les verres des clients. La chanteuse Yvette Guilbert fut aussi l’une des muses de Toulouse Lautrec qui la représenta sur ses affiches, vêtue de satin vert, les cheveux roux et portant de longs gants noirs.
Une œuvre qui m’a beaucoup plu lors de cette visite, est un vitrail prêté par le Musée d’Orsay. Il a été réalisé par Louis Comfort Tiffany (New York, 1848-1933) d’après un carton d’Henri de Toulouse-Lautrec, intitulé ‘Au Nouveau cirque, Papa Chrysanthème‘
Papa Chrysanthème
qui lui avait été commandé par Siegfried Bing, un marchand d’art qui voulait décorer sa galerie parisienne avec des œuvres de l’Art Nouveau ». Toulouse-Lautrec prépara donc des cartons pour des vitraux que Tiffany réalisa ensuite à New York.
Il s’agit d’un assemblage de verres jaspés représentant une silhouette féminine vue de dos, assise dans un fauteuil de cirque, des lorgnons à la main, portant un bel habit aux manches généreuses et un chapeau de cocotte.
Une œuvre qui a mérité une place d’honneur dans la galerie de Bing puisqu’elle a été accrochée au-dessus de l’entrée de la section japonaise de la galerie.
Deux commentaires sur cette exposition qui réunit 225 œuvres de l’artiste:
tout d’abord, j’ai découvert à quel point Henri de Toulouse-Lautrec est connu et apprécié à l’étranger. Nombre des tableaux exposés dans le cadre magnifique du Grand Palais viennent des États-Unis et de la Russie, tandis que d’autres chefs-d’œuvre viennent du Musée d’Orsay et du Musée d’Albi, la ville natale de l’artiste;
ensuite, j’ai découvert aussi, que malgré un physique qui ne l’a certainement pas aidé, il a su profiter de toutes les occasions que la vie lui offrait. Multidisciplinaire et curieux, il a réussi à exprimer son amour de l’art, une passion qu’il avait choisi de suivre depuis son plus jeune âge.
Henri de Toulouse-Lautrec Résolument moderne
Grand Palais, Galeries Nationales
du 9 octobre 2019 au 27 janvier 2020
Paris