Le Palais Altemps accueille actuellement une grande rétrospective qui raconte l’expérience artistique d’un protagoniste incontesté
de la peinture du XXe siècle : le peintre de Ferrare Luigi Filippo Tibertelli dit Filippo de Pisis (Ferrare, 11 mai 1896 – Brugherio 2 avril 1956).
Cette belle exposition a été spécialement conçue pour les espaces du Musée national romain du Palais Altemps qui, depuis son acquisition par le cardinal Marco Altemps, accueille une importante collection de sculptures grecques et romaines.
C’est un véritable honneur pour cette artiste, puisque Rome a été une ville décisive pour sa formation.
En effet, Filippo de Pisis était un grand collectionneur d’antiquités, de codex précieux, de bibelots et autres petits objets de toutes sortes.
Comme il l’écrivait lui-même dans les « Mémoires du petit marquis peintre » en 1928 « petits pénates qui le suivaient de chambre en chambre, de ville en ville », ce n’est pas un hasard si l’on retrouve la poétique du fragment, du vestige retrouvé, dans certains des tableaux exposés.
Voyageur infatigable, Filippo de Pisis a vécu e travaillé à Rome, mais également à Milan, à Venise, au Cadore, et surtout à Paris et à Londres.
Ces expériences ont contribué à tracer un itinéraire personnel qui n’a jamais cédé aux courants artistiques.

En tant que botaniste et collectionneur de papillons, il fait de très longues promenades autour de Ferrare, la ville qui lui est si chère et où, durant la Première guerre mondiale, il fait la connaissance de Giorgio de Chirico et de son frère Alberto Savinio.
Ce dernier, en particulier, l’encourage à dessiner et à peindre, avec cette fameuse phrase : « au lieu d’aller à la chasse aux papillons, va à la chasse de ton talent ».
Curiosité : à l’occasion du vernissage de l’exposition sur Filippo de Pisis qui eu lieu au Musée du XXe siècle à Milan, une installation avec une animation de papillons fut projetée sur la façade du Palais de l’Arengario.
Prix de Rome
Avec le tableau intitulé Portrait de Colette , une œuvre qui, par ailleurs, présente des corrections et des ravisements, Filippo de Pisis reçoit le Prix de Rome 1951.
Ce prix fut l’une des nombreuses récompenses qui ont jalonné la carrière de Filippo de Pisis, dont le talent extraordinaire fut immédiatement reconnu.
Tel que mentionné précédemment, lorsqu’on se promène dans les belles salles ordonnées du Palais Altemps, ce qui frappe d’abord, ce sont les toiles représentant d’anciennes ruines et des statues classiques.

S’ensuit une sélection de dessins avec une production très riche de nus juvéniles qui renvoient aux chefs-d’œuvre de la sculpture antique exposés dans ce musée.
Faire dialoguer les formes solides et parfaites des marbres de l’Antiquité avec de fragiles œuvres graphiques sur papier, semblait un défi, mais le résultat est fascinant.

En effet, le rapport entre le visage tragique de la statue en marbre appelée le Suicide du Galate et la fragilité du dessin de Filippo de Pisis représentant le portrait d’un marin, déclenche une série inattendue de références et de suggestions.
Je conclus avec une curiosité : autrefois, le siège actuel de la ville de Brugherio, appelé Villa Fiorita, était une maison de soins pour les maladies du système nerveux. C’est justement à la Villa Fiorita que le peintre ferrarais Filippo de Pisis fut invité, de 1949 à 1956. Il utilisa la serre du parc comme atelier, serre appelée aujourd’hui la Serre de Pisis.

Ce ne sont là que quelques-unes des belles surprises que vous réserve la visite de cette exposition consacrée à Filippo de Pisis. L’écrin précieux qu’est le Musée national romain du Palais Altemps qui l’accueille fera le reste.
Filippo de Pisis
Palazzo Altemps Rome
du 17 juin au 20 septembre 2020